Depuis quelques semaines, un véritable séisme politique secoue tout Madagascar. Un mouvement populaire pacifique s’est mué en quelque chose de beaucoup plus profond. Tout s’enchaîne : entre un réveil parlementaire, une mobilisation des institutions et une volonté collective de rupture, la dynamique du changement semble désormais enclenchée.

L’hémicycle en première ligne

Lorsque la Génération Z est descendue dans la rue, personne ne s’attendait à un soutien des institutions. Mais la participation des militaires a bouleversé les équilibres, entraînant tout le reste dans son sillage. Un vent de mouvement a soufflé jusqu’à l’Assemblée nationale.

Sous la pression d’une mobilisation citoyenne massive, les députés ont voté l’empêchement du président Andry Nirina Rajoelina. Malgré la majorité de son parti au sein de l’hémicycle, 130 voix sur 131 se sont prononcées en faveur du vote : un tournant historique dans la vie politique malgache.

Dans la foulée, le Bureau permanent de l’Assemblée nationale a été destitué par 127 députés sur 133 : un autre symbole de changement de cap. Peu après, le député d’opposition Siteny Randrianasoloniaiko a été élu nouveau président de l’Assemblée nationale, succédant à Justin Tokely.

Timing constitutionnel : la deuxième session ordinaire à point nommé

Conformément à l’article 75 de la Constitution, le troisième mardi d’octobre marque l’ouverture de la deuxième session ordinaire du Parlement. Les députés sont obligés d’aborder cette période dans un climat politique sous tension. La légitimité de leurs institutions est mise à l’épreuve, d’autant que cette session est normalement consacrée à l’examen et à l’adoption de la loi de finances 2026.

Pourtant, d’autres chantiers s’imposent désormais comme prioritaires :

–         La composition du nouveau Bureau permanent de l’Assemblée, appelé à incarner les attentes de la population.

–         La refonte du système de gouvernance, pour un véritable organe représentatif du peuple.

Députés : un défi inédit pour les “élus” de l’hémicycle

Face à la masse d’informations et à la complexité du contexte, les citoyens se demandent moins ce qui s’est passé que ce que les élus feront maintenant. Les députés se retrouvent à un carrefour critique : entre une population désormais éveillée, un calendrier institutionnel contraignant et une scène politique pleine d’incertitudes.

Les questions fusent :

–         Pourront-ils respecter le rythme constitutionnel malgré l’urgence du moment ?

–         Seront-ils capables d’agir avec cohérence, dans un esprit de justice sociale et de bonne gouvernance ?

–         Iront-ils au-delà des logiques partisanes pour amorcer un véritable changement ?

Le peuple, lui, est fatigué des crises à répétition. Il n’espère plus : il exige. Des actes, des politiques concrètes, des résultats visibles.

Madagascar est à un carrefour. Le mouvement citoyen a frappé aux portes des institutions. L’Assemblée nationale a répondu en se renouvelant. Et la Constitution, désormais, appelle à l’action.

Le pays attend et surveille que ces changements cessent d’être symboliques  et qu’ils deviennent enfin palpables dans le quotidien des Malgaches.